Derrière ce titre un peu “clickbait”, un agacement d’entendre beaucoup de gens mecs qui ne comprennent pas pourquoi des [insérer n’importe quel personne qui n’est pas un mec cis blanc hétéro] essaient de politiser leur passion. Que ce soit les jeux vidéo, les mangas, le cinéma, ou même juste le monde de la tech, le monde semble “se politiser”. Vraiment ?

Avant toute chose, je ne suis ni sociologue, ni expert de quoi que ce soit. Juste un mec (cis, blanc, hétéro, je confesse) qui joue à des jeux, traine beaucoup (trop ?) sur le net, et qui veut poser un billet de blog à pouvoir envoyer la prochaine fois que je dois expliquer ce qui suis à un pote.

La représentation (ou l’avènement du “wokisme”)

Évacuons très vite la notion de représentation, parceque pleins de gens en ont déjà parlé et que ce n’est pas ce qui m’intéresse ici. La représentation, c’est le fait d’avoir simplement une existence dans tel ou tel médium. C’est bien et ça permet aux personnes qui s’identifient aux personnages de pouvoir s’imaginer devenir. Dis autrement, si aucun film ne met de femmes scientifiques, plus difficile pour les petites filles de s’imaginer qu’une femme peut l’être. Donc non Jean-Kevin, le cinéma/le jeu vidéo n’est pas devenu entièrement “woke-LGBT”, juste qu’on est passé de environ 0 à quelques films. Oui Jean-Kevin, je dis quelques parceque on est clairement pas sur une majorité, je vois plus de 300 films par an, crois moi sur parole.

Si de plus en plus de personnes commencent à comprendre que faire une oeuvre qui représente une partie de la population jusque-là boudé est une bonne idée, beaucoup ne comprennent pas pourquoi une marque/une plateforme/une communauté va être proactive dans ces démarches. Exemple donc.

Internet et la vraie vie (ou la vraie face des gens)

Mettons que vous jouiez à un MMO (lequel n’a pas d’importance) et que vous soyez un membre important dans une guilde. Vous vous retrouvez sur le jeu au moins une fois par semaine, peut-être même sur Discord pour continuer à parler sans être connecté au jeu. Et puis un jour, vous et les autres gérants de la guilde, vous décidez de faire une rencontre en personne, avec celleux qui veulent, dans un café. Histoire de se rencontrer, abaisser un peu les barrières de l’écran. À cette rencontre se déplace des mecs, des meufs, des personnes blanches et d’autres racisés. La rencontre se passe plutôt bien, mais à un moment, un ou plusieurs mecs (c’est toujours des mecs, déso pas déso) vont peut-être lacher une remarque sexiste/raciste/limite sur tel ou tel sujet. Si la première fois vous fait peut-être rire (un peu géné), les autres vous embarasse. Vous en parlez avec les autres organisateurs et décidez de demander à ces personnes de faire gaffe, de se calmer sur les vannes ou comportements problématiques. Avec un peu de chances, vous aurez droit juste à un “oui, pardon, je fais attention” plutôt qu’a un “on peut plus rien dire”, et la soirée se termine sans accroc. Vous décidez plus tard de remettre ça. Et peut-être que vous vous rendrez compte que au deuxième rendez-vous, certaines personnes ne sont pas revenus. Pareil au troisième. Et à un moment, vous serez surement seulement entre mecs blancs (on va pas se mentir, c’est souvent le cas).

La raison à ça ? Vous avez des Jean-Kevin (ouai, j’aime bien le nom) qui ne mettent pas à l’aise certaines personnes, elles ont donc décider de ne plus venir. Peut-être sont-elles encore sur le jeu, ou peut-être ont elles quitté la guilde pour une autre. Ce qui est sur, c’est que si un jour vous décidez de faire une LAN ou même juste une autre rencontre, ces personnes ne viendront pas. Pas si les éléments perturbateurs sont encore là. Que faire ? Sans le vouloir, vous êtes devant une décision politique. Virer les Jean-Kevin pour faire revenir les autre (ou juste éviter que des nouveaux se barrent), ou les garder, ne rien changer, quitte à ce que l’ambiance ne vous plaise plus à un moment.

Cet exemple (ou quelque chose de ressemblant), je l’ai vu énormément de fois. C’est la raison pour laquelle les événements autour du jeu-vidéo sont restés très masculin pendant longtemps (et le sont toujours un peu), alors qu’on sait que il y a autant de joueurs que de joueuses. Mais aussi des forums, des Discords, des communautés entières qui se sont vu élaguer des femmes, des LGBT, des personnes racisés : à cause de personnages problèmatiques en leur sein, et qu’on a laisser faire. C’est pour cela que certaines décident donc de prendre les devants

Vous êtes les bienvenu.es chez nous (ou pourquoi, Jean-Kevin, va falloir que tu apprennes à te calmer le zboub)

Pourquoi une charte/un code d’utilisation/un code de conduite (pas celui de la voiture) ? Pour évitez ces problèmes justement, pour afficher la couleur dès l’entrée. Ça peut être soft, comme juste dire “on vire les gens qui auront des propos déplacés”, ou plus frontal, comme “on aime les personnes LGBT, dégagez si vous êtes pas content”. Le but c’est d’avoir une justification si un problème survient (ba ouai, JK, on t’avais prevenu. T’as déconné, tu dégages), mais aussi de pouvoir mettre à l’aise les personnes qui se sentent concernés. Trainant pas mal dans les communautés Linux, c’est aussi le questionnement de l’implication qui rentre en jeu : si cette personne se sent en sécurité, elle a plus de chances de s’impliquer. À l’inverse, si aucune garantie n’est donné, peut-être que la personne ne voudra pas s’intéresser au projet. Parceque mettre des heures dans une communauté, pour au final voir un transphobe faire de la merde et que personne n’intervienne (la fameuse “liberté d’expression”), ça dégoute. Parceque des problèmes arrivent toujours, on est des humains. Les prendre à bras le corp en amont n’évite pas tout, mais permet un socle solide.

Parfois ça prend juste la forme d’un message sur les réseaux. S’afficher frontalement comme accueillant envers une partie de la population, ça fait réagir. Si vous profitez du moment pour vous séparez des éléments les plus fachos, ça permet parfois de faire venir (ou revenir) une partie de cette communauté défendu. J’avais lu un jour sur internet : “une communauté est aussi ouverte d’esprit que son élément le plus à droite”, et je suis assez d’accord.

Je prend beaucoup d’exemple avec le genre ou la sexualité, parceque ce sont les plus faciles. Mais quid de questions géopolitiques ? Si par exemple, votre projet à un nouveau sponsor, sponsor militaire qui bombarde les pays d’une partie de votre communauté ? Ou si, par exemple, vous voulez faire un évènement avec un acteur du domaine ouvertement connu pour des positions assez néfastes ? Ou encore, peut-être que cette nouvelle entité que vous décidez de faire rentrer est connue pour avoir détruit d’autres communautés par le passé (oui, c’est une référence à la jonction Threads-fédiverse, bloquez cette merde) ? Encore une fois, des questions politiques, pas forcément pour vous à la base (vous étiez juste content d’avoir un nouvel acteur), mais auquel vous serez confrontés puisque plusieurs personnes vont forcément réagir.

Gatekeeping (ou la “vraie” façon de faire un truc)

Allez petite digression avant de partir, sur le “Gatekeeping”, cette façon de croire qu’il n’y a qu’une seule bonne façon de faire quelque chose. Vous voulez des exemples ?

  • Voir un film sur téléphone, c’est rater tout le propos de l’auteur.
  • Faut jouer en difficile à ce jeu, sinon le jeu n’a aucun intérêt.
  • Les vrais manga, c’est les petits formats en noir et blanc, pas ces nouveaux grands formats avec des couleurs.
  • Faut regarder/lire en VO, la VF perd tout le sens.
  • Si c’est pas de la vrai production fermière label bio, c’est pas de la nourriture.
  • T’as pas vu/lu/jouer à ? T’es pas un vrai.

On s’arrête là ? À première vu innofensif (on a tous déjà dit un truc dans le genre), il ne faut pas sous-estimer l’effet de rejet que ça peut engendrer. Acceuillons les nouveaux.elles, qu’importe leur façon de consommer quelque chose, on est plus là pour partager une passion que de juger la façon de la faire.

Conclusion (oui, c’est la fin)

Ce qu’il faut pour moi essayer de retenir, c’est que des choix politiques, il y en a un peu partout. Ce n’est pas ramener de la politique là où il n’y en avait pas, c’est juste que les choix existants vous convenaient. Si avant vous ne vous en rendiez pas compte, c’est que cela ne vous touchait pas, vous n’étiez pas menacé par eux. Des gens, autour de vous, sont confrontés chaque jours à ses problématiques, et ielles ont besoin de savoir si ce nouvel endroit (votre communauté) est une zone pour évoluer sans trop de craintes, ou si c’est un endroit où il faudra se protéger, voire partir, comme d’habitude.

P.S. : C’est incomplet (surement), pas professionnel (jamais dis le contraire) et plein de fautes (j’essaie de faire au mieux). Mais ça fait du bien de pouvoir le poser.