Je n’aime pas Noël. Alors oui, dit comme ça sans préambule, je fais vieux grognon misanthrope (un peu comme le Grinch ou Scrooge), mais laissez-moi m’expliquer.

Une photo du grinch

Je n’ai en soi rien contre cette fête: j’aime moi-même bien manger, bien boire et passer un agréable moment avec les personnes que j’apprécie (ce qui fait de moi un être humain somme toute assez normal). Je ne suis pas à empêcher les gens dans la rue d’être heureux. Je n’ai rien contre la date, je ne fais pas de pétition en ligne pour que l’on passe du 24 au 26 directement. Rien non plus contre le caractère religieux de la chose, les religieux peuvent bien fêter ce qu’ils souhaitent.
Non, ce qui me dérange avec Noël, c’est ce qui l’entoure: les cadeaux. De la publicité à outrance, le département marketing se lâche et ressort toutes ses gammes pour Noël. Tout le monde doit faire ses cadeaux, ce qui entraîne une cohue incroyable dans toute la ville, car il faut obligatoirement faire des cadeaux. La cerise étant les tonnes et tonnes de déchets qu’entraîne cette date.
Bref, la surconsommation occidentale est à son paroxysme pour le moustachu en rouge et blanc et moi, ça m’horripile.

Un dessin montrant le père noël en esclavagiste

Culturellement, Noël devient l’obligation de fin d’année: il faut sortir de nouveaux livres, films, musiques et que sais-je encore avant cette date cruciale, pour que votre œuvre se retrouve sous le sapin. Des œuvres souvent en rapport avec Noël alors que les années précédentes nous en ont déjà largement abreuvés.
Concernant les films de cette période, il y a pour moi deux axes principaux :

  • Ceux parlant du Père Noël en tant que tel, c’est à dire ceux où ce cher Santa va vivre quelconque péripétie. Un accident de traîneau, un renne bourré, etc.
  • Ceux qui pourraient très bien exister sans Noël. Prenez exactement le même film, enlevez Noël et mettez un autre évènement, et le film fonctionne de la même manière. Chaque année, plusieurs films suivant l’un de ces deux axes apparaissent, et souvent ne réinventent pas le genre. Cela ne fait pas d’eux des mauvais films, mais j’ai de plus en plus de mal à être bouleversé par la 2500ème adaptation du conte de Dickens.

Pourtant, il arrive parfois qu’un film tournant autour du thème du sapin lumineux arrive à me surprendre. Et c’est le cas de Klaus, de Sergio Pablos.

Le film

Après une préface beaucoup trop longue, parlons enfin du film.

Sortie en 2019 sur Netflix, Klaus est un film d’animation espagnol, réalisé par Sergio Pablos, ancien animateur chez Disney.

Affiche française du film

L’image

Et le bagage du bonhomme se ressent instantanément: que le dessin est beau! Car oui, nous sommes sur de l’animation 2D, dessinée à la main. Une impression de relief, de profondeur ahurissante; des lumières et des couleurs somptueuses; des personnages aux traits ni trop parfait, ni trop brouillons. Bref, une merveille photographique. C’est simple, ma dernière claque visuelle s’en rapprochant était pour Spider-Man: New Generation. Et bien que ce dernier a eu l’Oscar en 2019, Klaus ne l’a malheureusement pas reçu en 2020. Non pas que je n’aime pas celui l’ayant eu (Toy Story 4), mais si de temps à autre l’académie pouvait récompenser autre chose que du Disney/Pixar, le monde serait plus beau.
Bien qu’il soit sur Netflix et que la tentation puisse être forte, ne regardez pas ce film sur votre téléphone, je vous en supplie. D’ailleurs, ne regardez plus de film sur votre téléphone! Et pour ceux qui sont persuadés que je mens et que Klaus est en 3D, en voici la preuve (en anglais) :

L’histoire

Loin d’être seulement un bijou visuel, Klaus sait aussi être tout à fait prenant.
Nous suivrons donc Jesper, jeune fils-de, qui se voit contraint par son propre père de devenir postier dans un village reculé au nord, Smeerensburg, avec pour objectif l’envoie de 6000 lettres en un an. Arrivé sur place, notre héros se rend très vite compte que les habitants sont divisés en deux clans, les Ellingboe et les Krum, et que ces derniers sont bien plus intéressés par l’envie de brûler son prochain que de lui écrire un tendre poème. Las de n’avoir aucune missive à transporter, il va faire la connaissance de Klaus, un menuisier vivant reculé dans la montagne, et possédant moult jouets. Bien décidé à remplir son quota, Jesper va s’allier à ce dernier pour délivrer des colis aux enfants du village.

Bien que sentant le déjà-vu (le riche pédant débarquant dans un village, qui va réussir à changer le village mais aussi lui-même), la narration arrive à nous prendre par la main. On prend même un malin plaisir à deviner l’évolution de l’histoire et, si la surprise reste absente, les personnages étant extrêmement attachant font que l’on passe un très bon moment. Parlons personnages d’ailleurs.
Jesper est adorablement détestable: fainéant, imbu de lui-même, il pense plus à envoyer des lettres pour retrouver son lit en soie que de penser aux bien-être de ceux qui l’entourent. Il est entouré par des personnages qui, même si encore une fois leur fonction et leur développement ne laisse que peu de surprise, sont tellement bien amenés qu’on prend grand plaisir à les voir évoluer.
Comique quand il le faut, sombre ou touchant aux moments opportuns, l’histoire nous fait passer cette heure et demie de façon délicieuse, avec des cookies et un jus d’orange.

La musique

La bande-son de Klaus ne m’a pas marqué. Elle n’est pas mauvaise, juste assez anecdotique. Bien que le film possède des morceaux “fort”, il ne m’en reste pourtant rien après. En fait, je pense qu’elle sait se faire discrète et, se collant assez bien au film, on ne fait absolument attention à son existence. Ce qui est, en soi, un bon point, non ?

Le Doublage

Petit point sur le doublage français, le film étant en anglais à la base. Les voix originales sont vraiment adaptées, les voix françaises aussi. Sauf une : François Berléand pour la voix de Klaus. Alors j’adore Berléand, mais je trouve que ici, en Klaus, sa voix semble… inapropriée. Qu’on s’entende bien, elle n’est pas affreuse, mais chaque fois que son personnage recommence à parler, je sors un petit peu du film. Ne fuyez pas la VF pour autant, ce n’est qu’un avis personnel, le reste du casting est très bien trouvé !

Conclusion

Ba et Noël dans tout cela ? Je pense que l’on tient ici la raison pour laquelle j’aime ce film: Noël n’existe pas vraiment. Ou plutôt, c’est une fête quelconque pendant une bonne partie du film.
Réinventant le mythe du barbu en rouge et blanc, ne faisant du 25 décembre qu’une date comme une autre, se concentrant bien plus sur le pouvoir de l’altruisme et des relations sociales que sur un sapin rempli de jouets, Klaus est pour moi l’un de ces films de Noël rendant ses racines à cette fête, loin d’une commercialisation à outrance de l’occident.