Créée par le célèbre vidéaste Cyprien Iov, connu comme Cyprien sur les internets, et l’auteur Maxime Marin, alias Paka, Roger et ses humains est une série de BD humoristiques comportant actuellement trois tomes.

J’ai voulu revenir sur cette série qui est simple mais qui me fait beaucoup rigoler.

TOME 1

Le premier tome est apparu en 2015, et il est amusant de remarquer que la même année est sorti le film Chappie abordant lui aussi la question du robot intelligent évoluant au milieu d’humains. Le ton des deux œuvres est radicalement différent, mais c’est je trouve une coïncidence assez amusante pour être remarquée.

Agencé en “Comic-strip”, ce premier tome ressemble à ce que peut faire Paka sur son blog graphiquement. Si l’histoire n’était pas originale, on pourrait presque penser à un recueil de billets, comme fait Boulet dans sa série Notes. Un “strip”, une idée, une blague, la formule est connue mais toujours aussi efficace. Les auteurs se permettent pourtant des écarts à cette formule, dans les moments où l’histoire devient plus sérieuse, plus dramatique. Dans ces différents passages, la formule revient à une BD franco-belge plus classique dans l’agencement des cases et sa narration.

Roger et ses humains voit donc évoluer Roger, petit robot intelligent, propulsé au milieu de Florence et Hugo, un couple de jeunes adultes assez caricatural, lui jouant aux jeux vidéos toute la journée et elle faisant tout dans la maison. Ce couple va devoir apprendre à Roger comment fonctionne le monde et comment se comporter avec les autres humains (même si je les soupçonne d’être des personnages du jeu Dofus à cause de leurs yeux) et les autres créatures. On retrouve ici le schéma classique de la personne en dehors de la normalité confronté à la société. Je précise bien “personne” car, même si plusieurs sketchs questionnent un peu notre rapport à la technologie, le fait que Roger soit un robot est anecdotique. Il pourrait être remplacé par un alien, une créature d’une autre dimension ou tout simplement un enfant un peu candide, le résultat serait exactement le même. Son existence de robot n’est en fait qu’un pretexte pour les différentes situations. Ce n’est en soi pas très grave, il faudra juste en être conscient : ce n’est pas une oeuvre questionnant le rapport homme/robot comme a pu l’être Her ou Ex Machina (ce dernier lui aussi sorti en 2015).

Des gags cours, une histoire simple, pas de quoi révolutionner le genre. Ce premier tome reste pourtant dans la moyenne des BD humours sortant chaque année, donc si vous voulez rigolez un peu, pourquoi pas. Pour les adultes / ados seulement par contre, car pas mal de blagues sexuelles parcourent ce tome. Ou pourquoi pas pour les enfants aussi, ça fera des questions à poser aux parents.

TOME 2

Le deuxième tome est apparu en 2018. Le style graphique s’affine, les couleurs changent, l’espace entre les “strip” se réduit, permettant une transition plus douce avec les passages dessinés sur plusieurs pages. Ce deuxième tome est clairement plus abouti visuellement. On reste sur un style simple, mais plus précis.

Scénaristiquement, bien que l’on reste sur une succession de gags en “strip”, deux axes se dégagent : le rapport aux objets numériques (Siri, Alexa, etc) et la reprise en main des héros de leur quotidien.

Le monde voit en effet arriver une vague de robots aidants dans les tâches quotidiennes. Beaucoup moins intelligents que Roger, ces “OK Boobeul” sont, comme le jeu de mot l’indique, plus des “OK GOOGLE” sur pattes qu’autre chose. De par cette “stupidité” les auteurs vont ainsi pouvoir jouer et proposer des situations plutôt rigolotes. Un questionnement sur notre rapport à ces derniers peut être décelé, même s’il n’est pas approfondi plus que cela, laissant le lecteur libre de découvrir ou non par lui même le sujet. Une proposition encore une fois donc plus comique que vraiment questionnante.

Un autre axe abordé dans ce tome est celui du changement du quotidien. Sans trop en dire, Hugo va chercher du boulot, Florence remettre en question plusieurs points de sa vie et Roger se questionner sur sa raison d’être. Un développement assez intéressant des personnages, bien que nécessaire, pour dégager plus une personnalité des personnages que des archétypes, et ainsi éviter la caricature outrancière sur plusieurs tomes.

Plus abouti visuellement, avec des personnages évoluant et une utilisation un peu plus intéressante du statut de robot de Roger, ce deuxième tome est une évolution dans le bon sens pour Cyprien et Paka.

TOME 3

Vient enfin le tome 3, sorti en novembre 2020. Le style graphique n’évolue pas, seulement une prise d’un peu plus de libertés dans l’agencement des cases. Les relations entre les personnages continuent d’évoluer. Nous avons droit à un voyage au japon, ouverture sur une culture différente donc. Un passage du coté de la production de jeux vidéos, du financement participatif, de la place des femmes sur les internets. Bref, des sujets actuels qui, s’ils sont évoqués, sont un peu survolés.

En somme, ce tome reste dans la lignée du deuxième, drôle et attachant. Et je pense que c’est ainsi que l’on peut résumer cette série pour l’instant. Ne révolutionnant pas le genre, ne questionnant que légérement. Amusant sans plus. Et c’est peut être tout ce qu’on lui demande. Amis penseurs, passez donc votre chemin. Fans des “comic-strip” à lire dans les toilettes, laissez vous tenter.